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Le château de Meywihr / Im Schloss

Le château de Meywihr / Im Schloss

Les premiers textes mentionnant le château remontent à la fin du XIIIe siècle. En 1279, Ulrich de Ribeaupierre réussit à s’emparer par ruse des châteaux de Meywihr et du Hohnack occupés par ses cousins et les céda à la ville de Colmar. Quelques années plus tard en 1288, Hermann de Ribeaupierre assiégea les deux châteaux et força la garnison de Meywihr à se rendre. Le 22 mars 1291, le roi Rodolphe de Habsbourg et Conrad, évêque de Strasbourg, arbitrèrent un contentieux d’héritage survenu entre Anselme de Ribeaupierre, son frère Henri et son neveu Henri d’une part et Berthe de Ribeaupierre, veuve du comte Henri Sigbert de Werd et ses enfants d’autre part. Il fut décidé que Ulrich de Werd, un neveu d’Anselme de Ribeaupierre, conserverait à son compte «das Huz ze Minrewilre» et l’espace compris jusqu’au fossé.

 

Le 9 septembre 1315, Henri de Ribeaupierre et son épouse Elisabeth fondèrent une prébende à l’autel de la chapelle Sainte-Catherine au château de Landeck. Parmi les biens figuraient trois parcelles de vigne situées à Hinterwilre entre Ammerschwihr et le château de Meywihr, à côté de celles du comte de Werde. Cette prébende fut vendue en 1317 par Jean de Brischtal, chapelain du château de Landeck, au monastère d’Unterlinden avec le consentement de Henri de Ribeaupierre.

 

Dans le registre des cens de Bruno de Ribeaupierre établi en 1380, il est fait mention de vignes situées «by der Burg ze Minwilr». Au milieu du XVe siècle, en 1440, le château était mentionné comme Burgstall (château devenant ruine). Il avait été cédé en fief ainsi que les vignes s’y attachant à Jeckelin Wetzel, prévôt impérial d’Ammerschwihr mais le château appartenait toujours aux sires de Ribeaupierre. Le 26 mai 1451, il fut donné en fief masculin à Jean de Soultz surnommé «Harm», bailli de Bergheim, par Caspar, Maximin et Guillaume de Ribeaupierre. Outre le château et ses trois juchart de vigne (125 ares), le fief comprenait quatre autres juchart de vigne (167 ares) situés dans la banlieue ainsi qu’un demi-journal de pré au Hochstaden. La famille de Soultz devint donc vassale des Ribeaupierre et était encore en possession de ces biens en 1497. Auparavant, le 21 décembre 1475, elle avait remis en arrière-fief à Clewlin Steinbach, bourgeois d’Ammerschwihr, le fossé et le château ruiné ainsi que les arbres fruitiers moyennant un loyer annuel de six Gulden du Rhin payables à la Saint-Nicolas.

 

Le fief de Jean de Soultz fut connu ultérieurement sous la dénomination de «Harmans Lehen», provenant du principal feudataire dit «Harm». En 1658, la Ville d’Ammerschwihr acheta à Jean Jacques de Ribeaupierre les «Harmans Lehen» pour la somme de 1.000 florins avec l’intention de mettre le château en ruine à la disposition du Stettmeister. Finalement, le 29 mars 1666, le Conseil décida de louer la propriété pour une durée de cinquante ans à raison de 50 florins par an. Elle comprenait trois acker de vigne «bey der Burg», d’un juchart au «Hasengrab», d’un acker «in der Matten», d’un juchart au «Rumerstal», d’un acker au «Hublin» et d’un demi-journal de pré au «Hochstaden» soit 2,5 hectares de vigne. Les locataires furent Peter Bürlin, Engelhard Schumacher, Martin Trutz et Samson Hirsinger. En 1725, ces biens furent loués à Sébastien Schillinger et à la veuve du sieur Saury.

Non loin des vestiges de l’ancienne église de Meywihr tout proches, s’élevait ici une motte castrale que le langage populaire nommait «Meywihrer Koepfla» mais qui figurait sous le nom de «Im Schloss» dans le cadastre de 1833.

 

Cette tour est le seul vestige du modeste château, mentionné pour la première fois dans les textes en 1279. La base du donjon mesure un peu plus de sept mètres de côté, aux chainages d’angle en moyen appareil de blocs de grès à bossage sans trou de levage apparent. Ce parement est fait de litages réguliers de petits blocs de grès équarris.

L’ancien village de Meywihr (Minrewilre), datant de la fin du Xe siècle, était lié à l’existence d’une cour colongère (Dinghof) appartenant à la puissante abbaye bénédictine de Murbach. Le petit hameau se développa mais finalement sa population déserta les lieux à la fin du XIVe siècle, trouvant refuge durant cette période d’insécurité derrière les solides remparts d’Ammerschwihr, nouvellement édifiés vers 1370-1375.

En 1440, le château était mentionné comme Burgstall (château devenant ruine). Au cours du XVIIIe siècle, le château se dégrada de plus en plus. Finalement, ses pierres servirent à la construction, notamment de la nouvelle maison du chapelain entre 1781-1782. Les vestiges de l’ancien château ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 15 mars 1956, période où André SCHILLINGER, propriétaire de l’époque, voulant niveler le terrain pour y planter des vignes, mit à jour la base du donjon.

De nos jours, à l’intérieur de cet ancien mur d’enceinte, la famille KAPPLER, propriétaire et viticulteur à Ammerschwihr, y cultive le fameux Gewurztraminer dont la spécificité lui donne droit à l’appellation

de lieu-dit «IM SCHLOSS»

Sources basées sur une étude de Francis LICHTLE, Bruno MEYER  & Alexandre SCHMITT

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